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De tout (1901)



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L'Action française.

Décembre 1901.

De Tout, par J.-K. Huysmans. (P.V. Stock, editeur.)

M. Huysmans, qui fait constamment l'esthete et le dégouté, n'est en somme qu'un bon sauvage. Il y a, dans ce volume très mélangé, des études d'art et en particulier une suite de réflexions sur quelques maîtres francais et italiens qui sont du dernier ridicule. On ne peut pourtant pas exiger des peintres civilisés qu'ils donnent des oeuvres horribles et sanglantes comme cette Crucifixion que décrivit si complaisamment M. Huysmans à l'introduction d'un de ses romans les plus célèbres. Mais il faut prendre M. Huysmans tel qu'il est, et ne voir en lui qu'un Flamand. Il se flatte en effet de descendre d'un peintre de Néerlande dont on connait des paysages assez fumeux. On retrouve chez M. Huysmans deux traits qui décèlent, à ne s'y pas tromper, cette origine. C'est son catholicisme d'abord, d'un caractère mystique et tourmenté et qui se plait au sang, aux sanies, à l'horrible. Et c'est aussi ses dons d'observation des choses, de minutieuse notation, et sa riche verve descriptive. Il faut avouer le plaisir qu'on a pris à ses pages drolatiques sur les coiffeurs, les buffeets des gares, les habitués de cafés, où abondent les compariasons et les trouvailles de langage les plus imprévues. Certes ce sont des « magots » flamands ; mais des magots bien réjouissants tout de même.

Jacques Banville