Revue Catholique

15 juillet 1884.

A Rebours, par M. J. K. Huysmans, roman qui fait du bruit. M. Huysmans est un principaux élèves et imitateurs de M. Zola. Voici, ce qu’il a trouvé: sonm roman n’a, en réalite, qu’un seul personnage; c’est un jeune homme, usé par tous les plaisirs possibles, à qui il ne reste que 50,000 francs de rente, et qui décide de se retirer du monde, car le monde est coupable de ce qu’il est usé! Il se meuble une maison: description et énumération de toutes les couleurs qu’on peut choisir pour un mobilier, dix pages de couleurs. Il pare sa maison de fleurs: description et énumération de toutes les fleurs qu’il y fair apporter, vingt pages de fleurs. Ces fleurs dégagent divers parfums: description et énumération de toutes les odeurs qu’elles exhalent, trente pages d’odeurs. Il forme une bibliothèque: description et énumération des livres qu’il mete dans sa bibliothèque, cinquante pages de bibliothèque, etc., etc. On apprend, en route, certaines choses qu’on ignorait,, par exemple, que, si Bossuet a été éloquent, c’est qu’au dix-septieme siècle, on aimait telle odeur; je ne sais plus laquelle. De temps en temps aussi, la Religiion reçoit quelques ruades. La vie du jeune homme continue ainsi, en descriptions et énumérations, jusqu’au moment où, n’étant ni moins malade, ni moins usé, il se détermine à se soigner. Alors description et énumération de tous les médicaments et de tous les lavements qu’il s’administre matin et soir: lavements onctueux, purgatifs, nourissants, lénitifs, gras, maigres (les vendredis), bénins, laxatifs, etc. Il n’en guérit pas. — Et après? — c’est tout. — C’est absurde! C’est stupide! dites-vous. — Oui! mais si vous saviez comme c’est ennuyeux!

A Rebours est un succès de la littérature naturaliste, et la littérature naturaliste est la littérature de la république.

E. L. Ouduy.