L'Evolution des idées
chez quelque-uns de nos contemporaines

Jean Lionnet

Paris: Perrin et Cie, 1903.



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J. K. HUYSMANS


On a souvent dit que la conversion était pour les écrivains le signe de la fin, que le public y perdait plus que Dieu n'y gagnait et que la foi reconquise ne suppléait point au talent usé ou renié. L'Art, dans sa spontanéité, serait-il donc incompatible avec la règle religieuse ? Le cas de M. Huysmans, très original artiste et très sincère converti, nous aidera peut-être à élucider cette inquiétante question. Nous allons voir ce qu'il était autrefois, et ce qu'il est devenu, maintenant qu'il pousse la dévotion jusqu'à se faire hagiographe.


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Dans les Soirées de Médan, publiées sous le patronage d'Emile Zola, et qui étaient un recueil de six nouvelles relatives à la guerre de 1870-1871, M. J.-K. Huysmans, encore débutant (1), insérait Sac au dos, odyssée heureusement courte d'un individu qui s'attardait à l'hôpltal, parce qu'il souffrait un peu du ventre, qui s'échappait de temps en temps pour « courir une bordée », comme disent les matelots, et qui, licencié, rentrait enfin chez sa mère, sans avoir songé même une minute à son pays, sans s'être jamais préoccupé d'autre chose que de sa nourriture, de ses coliques et de certains plaisirs. La dernière impression qu'il éprouvait, et sur laquelle restait le lecteur, c'était une joie profonde, la joie de retrouver, at home, des cabinets d'aisance propres et confortables !

Vinrent ensuite les Soeurs Vatard (cet ouvrage, paru en 1879, un an avant les Soirées de Médan, n'en a pas moins été composé, croyons-nous, après Sac au dos), histoire de deux ouvrières, dont l'une se conduit bien et l'autre se conduit mal ; — En Ménage (2), où sont narrées les mésaventures d'un homme de lettres que sa femme trompe, qui se sépare d'elle, mais qui finit par la reprendre, parce que, pour les motifs les moins élevés du monde, il ne peut s'en passer ; cependant que son ami, le peintre Cyprien Tibaille, las d'expériences trop variées, se résigne au pis-aller d'une mattresse à demeure, vulgaire, mais bonne fille ; — et A vau-l'eau, longue nouvelle, où est décrite l'existence pitoyable d'un bureaucrate vieux garçon et pauvre.

Ces premières oeuvres étaient évidemment d'un naturaliste — mais d'un naturaliste très indépendant du chef de l'école (3). La composition à demi classique, la multiplicité grouillante des personnages, le grossissement du sujet, M. Huysmans laissait ces procédés à Émile Zola. Il ne voulait que la vérité, la vérité terre à terre de la vie moderne, sans aucun des arrangements prescrits par la technique traditionnelle, et dans un cadre étrolt,

Si, dans Sac au dos seulement, on pouvait remarquer quelque exagération, quelque désir « d'épater le public », rien n'était plus simple, par exemple, que l'histoire des soeurs Vatard. Celle qui est honnête se fiance à un garçon dont elle se lasse et elle en épouse un autre, tandis que le premier se marie de son côté. Celle qui n'est point honnête devient d'abord Ia maîresse d'un voyou, puis consent à &ecrc;tre celle d'un peintre impressionniste, qu'elle quitte plus tard pout revenir au voyou. Voilà qui peut arriver tous les jours, n'est-ce pas, et sans que personne s'y intéresse ? Aucun incldent, aucun épisode inattendu ne relève cette sommaire intrigue. Les héros vont à leur atelier, à la foire, à une représentation chez Bobino, à divers cabarets ; ils rentrent chez eux ; ils en ressortent : cela doit nous suffire. D'ailleurs, on n'a jamais poussé plus loin l'exactitude ; et ce tableau d'un petit monde ouvrier surpasse, à ce point de vue, toutes les oeuvres du même genre, y compris l'Assommoir.

Mais M. Huysmans estima sans doute qu'il se passait encore trop de choses dans les Soeurs Vatard et dans En Ménage, et il écrivit, pour satisfaire son appétit de réel tout nu, l'étonnant A vau-l'eau. M. Folantin, triste employé de ministère, change sans cosse de restaurant dans le vain espoir de trouver une nourriture moins infecte, allume son feu, se couche, se baigne, subit, en quelque sorte, une toute courte, toute banale et tout ignoble aventure galante, et surtout réfléchit mélancoliquement, laisse errer au hasard ses moroses pensées. Et la conclusion est celle-ci:


Tout en raisonnant de la aorte, il était arrivé devant sa maison. Tiens, je n'ai pa.'l d'allumettes, se dit-il, en fouillant ses poches, dans l'escalier ; il pénétra dans sa chambre, un souffle froid lui glaça la face et, tout en s'avançant dans le noir, il soupira : le plus simple est encore de rentrer à la vieille gargote, de retourner demain à l'affreux bercail. Allons, décidément, Ie mieux n'existe pas pour les gens sans le sou ; seul, le pire arrive.


Vous voyez, l'intrigue d'A vau-l'eau, c'était, au fond, la choix d'une « gargote» !

Dans cette recherche des détails matériels, considérés comme très importants — et ne le sont-ils pas pour la plupart des hommes ? — M. Huysmans ne pouvait manquer de faire une place assez large aux besoins charnels. II décrivait, en tous ses ouvrages, ce que voilent les pudiques ; et il le décrivait avec le même soin que le reste, avec la même volonté de vérité saisissante. Du moins ne prétait-il aucun attrait à ces obscénités très crues ; il montrait l'acte de la chair dégoûtant et triste ; il paraissait y voir presque une duperie et un peu — sans le dire, sans même le penser encore très clairement — un péché. Ce triomphe joyeux des sens qui éclate dans la Faute de labbé Mouret d'Émile Zola, qui s'affirme, plus pervers et plus profond, dans la première partie de l'Enfant de Volupté, de Gabriel d'Annunzio, eût-semblé à M. Huysmans une mystification littéraire, un effet de rhétorique surannée.

Mais, dira-t-on, si ces romans sans action n'avaient pas même ce charme sensuel qu'apprécie tant certain public, pourquoi les lisait-on ? D'où prevenait leur succès ?

C'est qu'il y a des amateurs de la réalité, ou plutôt de sa traduction exacte et intelligente, et M. Huysmans les satisfaisait à souhait, comme descripteur — comme psychologue aussi. Car, sans embarras, sans phrases, il étudiait les âmes — des âmes mauvaises ou médiocres, mais bien humaines — et il se distinguait par une perspicacité d'homme très observateur, très expérimenté, auquel on n'en fait point accroire, par une sûreté quasi-infaillible de confesseur sceptique. Si nous ne croyions pas tous, au fond, à la hiérarchie des genres, nous reoonna&icric;trions qu'En Ménage vaut bien le classique Adolphe.

Et il ya des amateurs du style, du style pour lui-même. Or, celui de M. Huysmans se révélait extraordinairement original, même à une époque d'individualisme artistique et de fantaisies hardies. C'était, si l'on veut, un style de rapin supérieur. Il mettait en saillie, surtout, le pittoresque des choses et intensifiait leurs couleurs, sans aucun souci d'élégance verbale, avec une grande familiarité de termes, une outrance continuelle, une sorte de débraillé joyeux (car ce style de pessimiste n'était jamais triste par lui-même) ; et il emportait les impressions et les idées dans une sarabande d'épithètes souvent folles à première vue, mais singulièrement justes malgré cette apparente folie. Il peignait presque aussi minutieusement que celui des Goncourt, plus vigoureusement parfois, et d'une façon plus libre, moins étudiée, moins maniérée. Ce style, en même temps que le raffiné d'une vieille langue, avait la verdeur d'une langue jeune. Animés par lui, les riens de la description et les riens du récit devenaient quelque chose. Lieux banaux, laideurs et insignifiances quotidiennes, minuscules mésaventures, soliloques du héros principal, tout vivait, tout arrétait le lecteur au passage. Que M. Folantin se décidât à faire venir ses repas de chez un pàtissier et que cet essai fût malheureux, cela n'avait rien de bien attachant en soi, certes ; mais voyez de quelle manière M. Huysmans le contait :


...Huit jours ne s'étaient pas écoulés et déjà le patissier se relâchait. L'invariable tapioca était plein de grumeaux et le bouillon était fabriqué par des procédés chimiques ; la sauce des viandes puait l'aigre madère des restaurants, tous les mets avaient un goût à part, un goût indéfinissable, tenant de la colle de pâte un peu piquée, et du vinaigre éventé et chaud. M. Folantin poivra vigoureusement sa viande et sinapisa ses sauces ; baste ! ça s'avale tout de même, disait-il ; le tout, c'est de se faire à cette mangeaille.

Mais la mauvaise qualité des plats ne devait pas rester stationnaire et, peu à peu, elle s'accéléra, encore aggravée par les constants retards du petit mitron. Il arrivait à sept heures, couvert de neige, son réchaud éteint, des pochons sur les yeux et des égratignures tout le long des joues. M. Folantin ne pouvait douter que ce gar&ccedi;on déposât sa boîte auprès d'une borne et se flanquât une pile en règle avec les gamins de son âge. Il lui en fit doucement I'observation ; l'autre pleurnicha, jura, en étendant le bras et en crachant par terre, un pied en avant, qu'il n'en était rien, et continua de plus belle ; et M. Folantin se tut, pris de pitié, n'osant se plaindre à la pâtissière, de peur de nuire à l'avenir du gosse...

Il eut heureusement un moment de répit : le petit pâtissier avait été congédié, sur les plaintes sans doute de personnes moins indulgentes. Son successeur fut un long dadais, une sorte de jocrisse au teint blême et aux grandes mains rouges. Celui-là était exact, arrivait à six heures précises, mais sa saleté était répugnante : il était vêtu de torchons de cuisine roides de graisse et de crasse, ses joues étaient barbouillées de farine et de suie, et son nez, mal mouché, coulait en deux vertes rigoles tout le long de la bouche.


Et le lecteur partage, irrésistiblement, l'émotion stomacale de M. Folantin...

Disons cependant que cette langue déplaisait fort aux puristes. M. Huysmans méprisait les règles de la réthorlque traditionnelle, le nombre, l'harmonie (sauf celle que donne, dans les passages de force, un brutal mouvement), ramassait des termes d'argot, inventait des néologismes, prenait ses aises. Son style était un style d'expression et qui, à la vigueur de cette expression, sacrifiait tout le reste ; — bien conforme en cela aux tendances générales de l'art moderne (4).

Et M. Huysmans ne devait pas se réconcilier avec les classiques. Au contraire, il s'engagea dans une voie nouvelle seulement quant aux sujets, où sa « manière » se développa encore dans le même sens.

Ce réaliste, on s'en est déjà rendu compte, avait horreur de la réalité, de la vie contemporaine. Le mariage ? Ignoble ! Voyez En ménage. Le célibat ? Ignoble aussi ! Voyez A vau-l'eau. Le progrès ? Une impudente blague ! Les inventions modernes ? Une surenchère de hideurs (5) ! La moindre transformation d'un coin de la capitale l'indignait. Il écrivait : « Ah ! décidément, Paris devient un Chicago sinistre. » Et encore : « Tout avait disparu ; plus de feuillages de massifs, plus d'arbres, mais d'interminables casernes s'étendant à perte de vue ; et. M. Folantln subissait dans ce Paris nouveau une impression de malaise et d'angoisse. » De même, au théâtre, M. Folantin « souffrait réellement », Et ne parlons plus des restaurateurs ni des pâtissiers !... Enfin, dans ce paradoxal A vau-l'eau, il n'est question que de dégoûts ; cette nouvelle aurait dû s'intituler : Nausées.

Aussi, après A vau-l'eau, était-il naturel que M. Huysmans écrivît A Rebours (6).

Le héros de ce roman — si c'était un roman ? — avait sur M. Folantin l'avantage de posséder quelque fortune et, par conséquent, d'être libre. Malsain par hérédité, misanthrope jusqu'à l'hydrophobie, éreinté de débauche, névrosé à souhait, des Esseintes se retirait à Fontenay, dans une maison meublée et décorée selon ses goûts, lesquels étaient inouïs. En tout, iI recherchait l'artificiel (et, ainsi, parmi Ies fleurs, il préférait les orchidées, parce qu'elles n'ont pas l'air vraies) ; en tout, ils'opposelt à son temps ; — même en morale, où, par haine du vice banal et vulgaire, il cultivait une anormale perversité. Et, sans cesse, à propos de peinture, de Iittérature, de musique, il proclamait une esthétique de révolte. Ce fut des Esseintes qui « lança » le symboliste Mallarmé. Mais, dans ses plus violentes crises d'antinaturalisme, M. Huysmans restait le même écrivain, plus imagé encore.

En Rade(7) fut ensuite un livre intermédiaire. Deux époux ruinés se réfugiaient pour un temps à la campagne chez un oncle paysan ; et, sous ce prétexte, la vie rurale était décrite comme la vie ouvrière dans les Soeurs Vatard, tandis que le cruel soulignement de certaines misères du mariage rappelait En Ménage. Mais trois rêves du mari révélaient le besoin de fuir, ainsi que dans A Rebours, vers l'extraordinaire. L'un de ces rêves, qui se passait dans la lune — non point dans la lune des poètes, mais dans celle des astronomes — laissait en arrière, par l'éclat et la vie de la forme, n'en déplaise à J.-H. Rosny, tous les essais de littérature scientifico-imaginaire de notre époque.

Dans Là-Bas(8), le nouveau Huysmans triompha. Le prlncipal personnage, Durtal, étudiait le satenlsme du moyen âge en reconstltuant l'histolre de Gilles de Rais, et le satanisme d'aujourd'hui en interrogeant des amis fort compétents en cette sorte de matière ; — ou encore par l'intermédiaire de sa ma&icric;resse, Mme. Chantelouve. Les débauches, les cruautés et les crimes diaboliques du Barbe-Bleue de Bretagne, d'un part ; et, d'autre part, la messe noire, puis tout un déballage de documents et d'anecdotes sur les incubes et les succubes, l'envoûtement, la possession et les exorcismes : quelles trouvailles pour un contempteur du banal ! Et aussi, et surtout, quelle occasion de déchaîner la frénésie d'un style que les excès semblaient vivifier ! Quand ce n'aurait été que pour décrire avec un réalisme intense des monstruosités presque inédites, il aurait fallu, croirait-on, que M. Huysmans abordât ce genre de sujet ; car, dès lors qu'il atteint une pareille puissance, un style est un démon qui vous entraîne et qu'on suit.

Aussi, avouons-le, cet épouvantable livre est peut-être, au point de vue littéraire, le chef-d'oeuvre de son auteur...

En tout cas, comme artiste, M. Huysmans avait sans doute atteint la limite dernière, Ia bifurcation où il fallait opter entre les deux seuls chemins s'enfonçant dans l'Au Delà. N'avait-il pas écrit au cours d'une étude sur Félicien Rops : « Elle (la peinture) ne s'expliqua point que pour être suraiguë, toute oeuvre devait être satanique ou mystique, qu'en dehors de ces points extrêmes il n'y avait plus que des oeuvres de climat tempéré, de purgatoire, des oeuvres issues de sujets humains plus ou moins pleutres » (Certains(9)) ? Mystique ou satanique : n'était-il pas lui-même acculé à ce choix ?

Dès A vau-l'eau(10), il avait commencé à se préoccuper de la religion. Écoutez M. Folantin en ses soliloques : « Il est vrai que si l'on avait la foi... Oui, mais je, ne l'ai plus ; enfin l'intolérance du clergé le révoltait. Et pourtant, reprenait-il, la religion pourrait seule panser la plaie qui me tire. » A Rebours(11), le plus antichrétien des anciens livres de M. Huysmans par l'immoralité volontaire et raffinée, par l'égoïsme hyperesthésié du héros, contenait cependant une curieuse histoire de la littérature catholique et — déjà ! — une courte louange du plain-chant. Et des Esseintes avait des crises d'âme ; il était assailli par des peurs de se convertir comiques et pitoyables. Puis le roman se terminait par cette prière brusque : « Seigneur, prenez pitié du chrétien qui doute, de l'incrédule qui voudrait croire, du forçat de la vie qui s'embarque dans la nuit sous un firmament que n'éclairent plus les consolants fanaux du vieil espoir ! » Dans Là-Bas, enfin, le catholicisme, qui occupait une place considérable, était dignement représenté par le sonneur Carhaix ; et M. Huysmans s'y arrétait avec complaisance, en amateur de certitudes. De tout temps, n'avait-il pas cherché les opinions les plus affirmatives, les plus systématiques ? Lisez plutôt son Art moderne(12) ; et voyez, dans A Rebours, la série de ses jugements littéraires et artistiques, si tranchants. Au début de Certains(13), il rouait de coups les dilettantes. « Ah ! s'écriait-il, l'on a peut-être tout de même abusé de ce mot de dilettante, dans ces derniers temps ! Au fond, en laissant de côté le sens vaniteusement faux qu'on lui prête, l'on arrive, en le serrant de près, à le décomposer, à le dédoubler en les deux réelles parties qui le composent :

« Imbécillité d'une part, lâcheté de l'autre. « Imbécillité pour les gens du monde ; lâcheté pour la presse qui les dirige, »

Et il concluait : « ...La vérité, c'est qu'on ne peut comprendre l'art et l'aimer vraiment, si l'on est un éclectique, un dilettante. »

Aucun scepticisme foncier, aucune impuissance d'affirmation n'éloignait donc son intelligence du catholicisme ; et son tempérament d'artiste l'en rapprochait.


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Son âme appelait aussi une foi purifiante et pacifiante.

Ce dégoût général, et sans cesse croissant, des choses, des hommes et de lui-même devait avoir un aboutissement, une fin : cette fin, ce fut la conversion de Durtal dans En route(14). Car (on a eu tort de ne pas assez en tenir compte) Durtal se confesse ; et cette confession, si visiblement authentique, n'est plus d'un simple esthète. N'y aurait-il point une intolérance singulière à ne pas admettre que l'évolution de l'homme ait été parallèle à celle de l'artiste et à arguer de celle-ci pour mettre en doute la sincérité de celle-là ? M. Huysmans est allé au catholicisme avec tout lui-même ; et cette façon d'y aller ne nous semble point si mauvaise... Tout au plus, pouvait-on soutenir que Durtal convertl gardait quelques traits, non pas de des Esseintes, mais de M. Folantin ; et que, malgré ses fringales de Mystique, la misanthropie et même un peu l'égoisme du vieux garçon subsistaient en lui. Mais c'était, après tout, une preuve de plus de la véracité d'En Route et de la Cathédrale(15). De même, ajouterions-nous, les quelques crudités du premier de ces deux livres. Un Taxil eût évité ces maladresses ; et il n'y avait rien de plus décent que la Confession d'un Libre Penseur. D'ailleurs, M. Huysmans consentit plus tard à un élagage, qu'il pratiqua d'accord avec M. l'abbé Mugnier : il publia, sous le titre de Pages catholiques(16), des morceaux choisis d'En Route et de la Cathédrale qui, selon la formule usitée, pouvaient être mis entre toutes les mains. C'était, de sa part, une bien surprenante et bien méritoire concession ; car, dans la Cathédrale encore, avait-il assez tonné contre la « bégueulerie » des catholiques modernes !...

Aujourd'hui, le livre qu'il nous donne n'est point un roman, ni un recueil d'extraits de romans, mais un livre de piété, une vie de sainte(17). Il va donc être particulièrement curieux et instructif de voir, d'après ce livre, si M, Huysmans a perdu quelqu'une de ses qualités d'autrefois ; ou si, au contraire, les conservant, il en a acquis de nouvelles. D'autant mieux que l'histoire de sainte Lydwine de Schiedam est assez simple pour laisser beaucoup à faire à l'auteur !...

Lydwine, ayant perdu complètement, vers sa seizième année, à la suite d'un accident de patinage, sa santé déjà compromise, passa désormais toute son existence dans son lit. Heureusement pour ses biographes, elle subit des persécutions, fit des miracles, eut des visions. N'importe ! leur tâche para&icric;t autrement difficile que celle des historiens de sainte Brigitte de Suède, de sainte Catherine de Sienne ou d'autres saintes actives et voyageuses.

Comment M. Huysmans s'en est-il tiré ?

Qu'est devenu, d'abord, son réalisme en pareil sujet ?

Il survit toujours, et aussi vigoureux. Il donne à cette vie si stagnante un mouvement extraordiaire, car il anime de vérité les moindres Incldents. En revanche, il n'épargne pas les plaies de la sainte ; et bien que, par une faveur divine, elles sentissent Ia cinnamome et la cannelle, il nous les montre telles que nous suffoquons. Mais ce n'est point la faute de M. Huysmans, avouons-le, s'il lui vient à la plume des mots si précis et si évocateurs qu'une seule phrase de lui exprime plus de hideurs qu'un alinéa des Bollandistes...

Le don de la description psychologique, réalisme intérieur, n'a pas plus faibli que le réalisme extérieur. Il trouve peu d'occasions de s'exercer, car les renseignements sont brefs, à ce point de vue, sur sainte Lydwine ; mais il faut bien malgré tout qu'il se manifeste à diverses reprises ; et voici un passage, sur les malades incurables, qui vaut les plus solides observations d'En Ménage ou d'En Rade :


Après ces prémices de souffrances qui stimulent la prière, qui font supplier avec l'espoir, sinon d'une guérison immédiate, au moins d'une détente dans l'acuité du mal, le découragement s'impose, à ne voir aucun de ses souhaits exaucés, et les oraisons se débilitent, à mesure que les misères s'accroissent ; le recueillement s'exclut ; le sort pitoyable que l'on subit absorbe tout ; l'on ne peut plus penser qu'à soi-même et le temps se passe à déplorer son infortune. Ces prières que l'on continue cependant, par un reste d'habitude, par une incitation secrète du ciel, ces prières que l'on jugerait devoir être d'autant mieux écoutées qu'elles sont plus méritoires, car elles coûtent tant ! elles finissent, à un moment de trop grande douleur, par s'exaspérer, par se dresser devant Dieu comme une mise en demeure de tenir les promesses de ses Évangiles ; l'on se répète amèrement le « demandez et il vous sera donné », et elles s'achèvent dans la lassitude et le dégo&uirc;t ; l'à quoi bon s'insinue peu à peu de tant d'efforts et lorsque, dans un instant de provisoire ferveur, dans une minute d'adoucissement des crises, l'on veut se remettre à prier, il semble que l'on ne sait plus. Les invocations, à peine lancées du bord du coeur, retombent à plat et l'on croit sentir que le Christ ne se baisse pas pour les ramasser ; c'est la tentation du désespoir qui commence ; et, tandis qu'il tisonne le brasier des tortures, l'Esprit de malice devient pathétique et plaintif ; il insiste sur la fatigue des voeux réprouvés, sur l'inefficace des oraisons et le malade s'abat sur lui-même, à bout de force.

L'horizon est noir et les lointains sont clos. Dieu, dont le souvenir quand même domine, n'apparaît plus qu'ainsi qu'un inexorable thaumaturge qui pourrait vous guérir d'un signe et ne le veut pas. Il n'est plus même un indifférent, il est un ennemi ; l'on aurait plus de miséricorde que Lui, si l'on était à sa place ! Est-ce qu'on laisserait ainsi souffrir des gens que l'on pourrait si aisément soulager ? Dleu semble être un mauvais Samaritain, un Juge Inconcevable. On a beau se dire, dans une lueur de bon sens, que l'on a péché, que l'on expie des offenses, l'on conclut que la somme des transgressions commises n'est pas suffisante pour légitimer l'apport de tant de maux et l'on accuse Notre Seigneur d'injustice, l'on prétend lui démontrer qu'il y a disproportion entre les délits et la peine ; dans ce désarroi, l'on ne tente plus de se consoler qu'en s'attendrissant sur soi-même, qu'en se plaignant d'être la victime d'une inéquitable rigueur ; plus on gémit et plus on s'aime; et l'âme détournée de son chemin par ces quérlmonleuses adulations de ses propres aîtres, vague excédée, sur elle-même, et finit par s'étendre dans la ruelle, tournant presque le dos à Dieu, ne voulant plus Lui parler, ne désirant plus, ainsi qu'un animal blessé, que souffrir, cachée dans un coin, en paix.

Mais cette désolation a des hauts et des bas. L'lmpossibilité de se remonter de la sorte réoriente la pauvre âme, qui ne peut tenir au même endroit, vers son Maître. L'on se reproche alors ses contumélies et ses bIâmes ; l'on implore son pardon et une douceur nait de ce rapprochement ; peu à peu, des idées de résignation à la volonté du Sauveur s'inculquent et prennent racine, si le diable, aux aguets, ne se mêle pas de les extirper, si une visite motivée par la charité et par l'espoir de vous apporter un réconfort ne manque pas résolument son but, en vous rejetant dans des sentiments de régrets et d'envie ; car c'est encore là l'une des tristesses spéciales aux grabataires ; si la solitude leur pèse, le monde les accable. Si personne ne vient, l'on se dit ahandonné, lâché par ceux dont l'amitié était la plus sûre, et s'ils viennent, l'on effectue un retour sur soi-même, en considérant la bonne santé des visiteurs ; et cette comparaison vous afflige davantage ; il faut être déjà bien avancé dans la voie de la perfecbon pour pouvoir, en de telles circonstances, s'omettre.


Quant au style de M. Huysmans, — on a pu s'en apercevoir un peu à la citation précédente — il n'a point pâli : ce sont les mêmes couleurs violentes, le même « matérialisme » d'expression (piquant dans une vie de sainte, et qui fait songer à certains mystiques espagnols), la même richesse, la même verdeur qu'à la plus belle époque de l'auteur dans le passé, à celle où il écrivait les rêves d'En Rade, Certains et Là-Bas. Et M. Huysmans peut offrir à ce style affamé d'extraordinaire des mets de choix ; c'est, au début, une vue générale de l'histoire si terriblement mouvementée du XVe siècle ; mais ce sont, surtout, dans le cours du livre, les visions de la sainte, visions de l'enfer, du purgatoire, du paradis ; vrais tableaux de peintres du temps, mais qu'un très moderne peintre littéraire interprète.(18)

Les miracles, encore, fournissent d'heureux thèmes. Et de ces miracles comme de ces visions, n'est-il pas naturel que M. Huysmans soit jalousement respectueux ? Il ne faudrait pas qu'on essayât de lui en prendre un seul !... Et pourtant...

M. Huysmans reconnaît lui-même que les trois biographes de sa sainte : Jan Gorlac, Jan Brugman et Thomas A Kempis, ont usé envers la chronologie d'étranges libertés, parce qu'ils se préoccupaient avant tout d'être édifiants. Pourquoi ce dédain de l'exactitude ne s'étendrait-il pas, parfois, aux faits ? Et M. Huysmans avoue, à propos des entretiens de la sainte avec ses visiteurs : « Brugman, lui, saisit cette occasion, comme toutes celles qu'il rencontre, du reste, pour placer un prêche et attrlbuer à la sainte une série de rengaines que, manifestement, il invente. » Qui dit que ses inventions se bornent là ?... M. Huysmans, en somme, peut seulement répondre qu'il ne possède aucun critérium pour distinguer le vrai du faux — ou du « brodé ». Mais il n'en convient point ; il n'admet pas qu'on suspecte la véracité des biographes ; il déclare : « Il n'y a donc pas de livres historiques qui se présentent, ainsi que les leurs, dans des conditions de bonne foi et de certitude plus sûres. » Et, terminant son ouvrage, il dénonce ces « hagiographes prêts à satisfaire leur haine du surnaturel (la haine du surnaturel qu'éprouvent les catholiques tièdes), en fabriquant des histoires de saints confinés, avec défense de s'échapper, sur la terre...» et il accuse l'un d'entre ces hagiographes « et non l'un des moindres » de « contemner la mystique »; parce que celui-ci ne croit pas aux visions de « l'incomparable soeur Emmerich », devenues, paraît-il, articles de foi.

Là encore, nous retrouvons notre Huysmans de jadis, l'intolérant et le pourfendeur de l'Art moderne, d'A Rebours et de Certains, qui traitait comme des malandrins les écrivains et les peintres qu'il jugeait médiocres. Il y a mieux. Lorsque dans un recensement de l'Europe actuelle, il arrive à notre pays, il écrit :


... Quant à la nation privilégiée du Christ, à la France, elle a été attaquée, à moitié étranglée, saboulée à coups de bottes, roulée dans le purin des fosses par une racaille payée de mécréants. La franc-maçonnerie a démuselé, pour cette infâme besogne, la meute avide des israélites et des protestants.

Dans un tel désarroi, il eût peut-être fallu recourir aux mesures abolies d'antan, user de quelques chemises dûment soufrées et de quelques bons bûchers de bois bien sec ; mais l'âme poussive des catholiques eût été incapable de souffler sur le feu pour le faire prendre ! puis, ce sont là des expédients sanitaires désuets, des pratiques que d'aucuns qualifieraient d'indiscrètes et qui ne sont plus, en tout cas, d'accord avec les moeurs desserrées de notre temps.


Avant de nous indigner, relisons ensemble un curieux passage de Certains. Exaspéré, parce que des Américains achetaient à d'invraisemblables prix des tableaux de peintres qu'il abhorrait, M. Huysmans s'écriait soudain :


Les supplices joyeusement délibérés par les anciens despotes avaient leur utilité peut-être. Ils satisfaisaient au moins, dans certains cas, le besoin de justice qui est en nous. En songeant à la prodigieuse imbécillité de ces dollars et à la rare infamie de ces toiles, je rêve volontiers devant la vieille planche « des Martyrs » de Jan Luyken. Elle contient, en effet, quelques tortures qu'en imagination j'appliquerai avec une certaine aise, je crois, à la plupart de ces acquéreurs.

Celles-ci, peut-être : les attacher, nus, sur une roue qui, emmanchée d'une manivelle, tourne et pose le corps, alors qu'il descend et atteint la terre, sur une rangée aiguë de très Iongs clous ; ou bien asseoir ces suppliciés sur des chaises rouges et les coiffer délicatement de casques chauffés à blanc ; — les attacher encore par un seul poing à un poteau, après leur avoir lié préalablement les jambes, et leur enfoncer difficilement, presque à tâtons, à cause du va-et-vient du corps qui se recule et cherche à fuir, la spirale ébréchée d'un vilebrequin énorme.


Nous devons donc constater que M. Huysmans s'est adouci. Autrefois, c'était le simple achat de toiles de Gérôme, de Bouguereau ou de Dubuffe qu'il voulait châtier par de si rares tortures ; et, aujourd'hui, pour des gens qui ont « saboulé » la France « à coups de bottes », qui l'ont « roulée dans le purin des fosses », une modeste chemise soufrée lui suffirait. Encore quelques années de progrès, de croissante charité chrétienne, et peut-être se contentera-t-il de la guillotine...


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Mais, maintenant que nous nous sommes convaincus de la survivance de l'ancien Huysmans avec toutes ses qualités et avec quelques-uns de ses défauts, n'est-il pas temps de nous demander si, dans Sainte-Lydwine, un nouveau Huysmans s'affirme ?

Oui, incontestablement. Comme dans En route, comme dans la Cathédrale, et plus encore même, se manifeste une conviction catholique. Voici comment M. Huysmans expose le but qu'il s'est proposé en écrivant la vie de sainte Lydwine :


Ce livre s'adresse plus spécialement aux pauvres êtres atteints de maladies incurables et étendus, à jamais, sur une couche. Ceux-là, sont, pour la plupart, des victimes de choix ; mais combien, parmi eux, savent qu'ils réalisent l'oeuvre admirable de la réparation et pour eux-mêmes et pour les autres ? Cependant, pour que cette oeuvre soit véritablement satisfactoire, il sied de l'accepter avec résignation et de la présenter humblement au Seigneur. Il ne s'agit pas de se dire : je ne saurais m'exécuter de bon coeur, je ne suis pas un saint, moi, tel que Lydwine, car, elle non plus, ne pénétra pas les desseins de la Providence, lorsqu'elle débuta dans les voies douloureuses de la Mystique, elle aussi se lamentait, comme son père Job, et maudissait sa destinée ; elle aussi se demandait quels péchés elle avait bien pu commettre pour être traitée de la sorte et elle ne se sentait pas du tout incitée à offrir de son plein gré ses tourments à Dieu ; elle faillit sombrer dans le désespoir ; elle ne fut pas une sainte du premier coup ; et néanmoins, après tant d'efforts tentés pour méditer la Passion du Sauveur dont les tortures l'intéressaient beaucoup moins que les siennes, elle est parvenue à les aimer et elles l'ont enlevée dans un ouragan de délices jusqu'aux cimes de la vie parfaite ! La vérité est que Jésus commence par faire souffrir et qu'il s'explique après. L'important est donc de se soumettre d'abord, quitte à réclamer ensuite. Il est le plus grand Mendiant que le ciel et la terre aient jamais porté, le Mendiant terrible de l'Amour ! Les plaies de ses mains sont des bourses toujours vides et il les tend pour que chacun les emplisse avec la menue monnaie de ses souffrances et de ses pleurs.


L'intention pieuse de M.Huysmans a été superbement réalisée : Sainte Lydwine de Schiedam est un livre édifiant, au sens le plus profond du mot(19), un livre utile aux âmes. Il apportera vraiment, aux croyants qui souffrent, des consolations ; non point des consolations sentimentales et, comme telles, très fugaces ; mais des consolations raisonnées, sérieuses, durables ; il leur montrera, d'une inoubliable façon, la nécessité de la douleur, son rôle dans l'équilibre du monde spirituel(20), sa valeur indépréciable, attestée par le dogme de la réversibilité des mérites.

Voilà ce que M. Huysmans voulait faire, et il l'a fait.

Mais, ce faisant, il semble que la maxime « Cherchez le royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcro&icric;t » se soit particulièrement vérifiée à son égard. Il cherchait l'édification ; il lui a été donné la réussite artistique. Déjà, dans En Route et dans la Cathédrale (rappelez-vous, parmi les Pages catholiques, la prise de voile chez les Bénédictines et la messe dans la crypte de Chartres), il avait trouvé une manière presque nouvelle, gràce à ses nouvelles inspirations. Une âme de foi spiritualisait la matière du style qui, se moulant en transparence, pour ainsi dire, sur cette âme, devenait plus sobre et, s'il se pouvait, plus vigoureux. Nous croyons reconnaître dans Sainte-Lydwine cette manière, encore en progrès. Relisez le passage que nous avons cité plus haut ; et arrêtez-vous, au cours de l'oeuvre même, à celui où M. Huysmans synthétise la Passion du Christ(21). Il y a dans ces pages, non seulement au point de vue des idées, mais aussi à un point de vue purement littéraire, quelque chose qui n'était ni dans les Soeurs Vatard, certes, ni même dans Là-bas.


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Et maintenant, rassurés, nous pouvons nous dire que, si certains écrivains se sont montrés après leur conversion aveulis et piteux, c'est sans doute parce qu'ils s'étaient convertis bien tard et qu'ils n'avaient apporté à Dieu que des restes trop de fois réchautfés ; car M. Huysmans, lui, audacieux et indisciplinable représentant d'un art tout moderne, non seulement ne semble pas gêné par le catholicisme, mais y puise une force neuve et une hardiesse plus heureuse. Nous n'avons qu'à nous réjouir de cet éclatant exemple ; et, quand nous découvrirons chez l'auteur de Sainte-Lydwine quelques manies, quelques travers — et aussi quelques opinions — qui nous déplairont, nous en sourirons charitablement, sans nous fâcher.



NOTES

1. Nous omettons volontairement deux oeuvres encore indéclses : le Drageoir aux Epices (1874), recueil de nouvelles et de minuscules poèmes en prose, où se sent parfois l'influence de Baudelaire, quoique pourtant une étude, la Rive gauche, annonce déjà Croquis parisiens et la Bièvre et Saint-Séverin ; et Marthe, Histoire d'une fille (1876), qui est d'un « Jeune France » naturaliste.

2. 1881.

3. II procédait bien plutôt, d'ailleurs, du Flaubert de l'Education sentimentale et des frères de Goncourt.

4. On pouvait aussi, quelquefois, s'indigner de libertés un peu grandes envers la syntaxe. D'ailleurs, si vous tenez à être mis au courant de toutes les indignations possibles contre la « manière » de M. Huysmans, vous n'avez qu'à lire l'étude que lui a consacrée M. Jules Lemaître dans la première série des Contemporains.

5. Il avait pourtant quelque affection pour les paysages de boulevards extérieurs et de banlieue. (Les Soeurs Vatard, En Ménage, l'Art moderne.) Mais il détestait les quartiers riches.

6. 1884.

7. 1887. — Nous négligeons Un Dilemme, nouvelle « rosse » et antibourgeoise parue la même année, qui n'a qu'une médiocre importance dans l'oeuvre de M. Huysmans.

8. 1891.

9. 1889.

10. 1882.

11. 1884 C'est le livre qui a le plus nu à M. Huysmans, par son outrance provocatrice et, en apparence du moins, mystificatrice aussi. Peut-être a-t-on eu tort de le croire, si peu que ce fût, autobiographique. M. Huysmans ressemblait plus, certainement, à M. Folantin qu'à des Esseintes.

12. 1883. — Dans ce livre, la doctrine de l'é!cole impressionniste et réaliste en peinture est remarquablement exposée. (Il a été réédité tout récemment.)

13. 1889.

14. 1895.

15. 1898.

16. Stock, éditeur, 1900.

17. Sainte Lydwlne de Schiedam. Stock, éditeur, 1901.

18. M. Huysmans a la prudence de déclarer, à propos des visions de sa sainte : « Au fond, son concept de l'enfer, du purgatoire et du ciel est identique à celui de tous les catholiques de son temps. Dieu adapte, en effet, presque toujours, la forme de ses visions à la façon dont les pourraient imaginer ceux qui les reçoivent. »

19. Ce qui ne veut pas dire du tout que des Iecteurs habitués aux livres de piété de fabrication moderne ne seront point choqués par certains détails réalistes.

20. Il ne faut pas oublier, néanmoins, que l'action aussi peut être méritoire et que l'inertie forcée n'est pas une condition nécessaire de la sainteté.

21. Le progrès fut continu d'ailleurs depuis Sac au dos, dans l'oeuvre de M. Huysmans. C'est surtout frappant quand il s'agit d'ouvrages du même genre. Aussi Certains (1889) est supérieur comme forme à l'Art moderne (1883), et la Bièvre et Saint Séverin (1898), très supérieur à Croquis parisiens (1880).