LE SALON DE 1887, II. L’EXPOSITION INTERNATIONALE DE LA RUE DE SÈZE
Oui, tout de même, si fastidieux qu’il soit, ce Salon est supérieur a celui qui s’exhiba dans le mois de Marie du dernier an. Aucun peintre d’un exceptionnel talent qui se révèle, mais, dans la bienveillante cocasserie de deux mille toiles, quelques balbuties, quelques essais, quelques portraitures et quelques sites. Certes, ce n’est ni triomphal, ni passionnant, mais enfin c’est un peu moins inérudit que de coutume, un peu moins cancre. Cela n’empêche pas sans doute que sous les linges qui sèchent, en pavillonnant comme de misérables dais, au-dessus de ces salles peu altières, aux colonnes de fonte grise, au ciel plafonné de verre, d’insolentes rondes de couleurs ne nous grisent, en tournant toujours dans le même sens. Implacable, le grand art dont j’ai parlé dans l’article précédent, s’étale, étayé par le vieux renom de M. Puvis de Chavannes. Gala présomptueux d’une antique panne, carton lent et figé, laborieux et faux, telle m’apparaît sa grande machine destinée à l’amphithéâtre de la Sorbonne. C’est l’oeuvre d’un rusé poncif, d’un gourmand ascète, l’un adroit naïf ; c’est l’oeuvre aussi d’un infatigable ouvrier qui peine et qui, travaillant dans les articles confiés aux oncles de l’art, pourrait être réputé prud’homme et sage maître, presque justement choyé, si l’imbécile emphase d’une critique en vogue ne s’évertuait à le proclamer grand artiste original et grand poète. Comparer M. Puvis et M. Gustave Moreau, les accoler alors qu’il s’agit de raffinement, les confondre dans une touffe d’admiration unique, ainsi que le font les dilettantes, c’est commettre une des plue obséquieuses hérésies qui se puissent voir. Gustave Moreau a rajeuni les vieux suints des sujets par un talent tout à la fois subtil et ample ; il a repris les mythes éculés par des siècles de ponts-neufs et de rengaines et il les a exprimés dans une langue persuasive et superbe, mystérieuse et neuve. Il a su créer une forme qui est maintenant à lui. M. Puvis de Chavannes n’a rien su créer. Il ne s’est pas abstenu comme M. Moreau des tricheries académiques, des vénérables dols, il a détroussé les Primitifs, les pastichant même, d’une façon absolue parfois ; là où les gens du Moyen Age étaient croyants et naïfs, il a apporté la singerie de la foi, le retors de la simplesse ; au fond c’est un bon vivant dont le famélisme de peinture nous apitoie et nous dupe, c’est un vieux rigaudon qui s’essaie dans les « requiem » !
Mais, il faut bien le dire, il resplendit comme toujours, par comparaison, à côté des autres ; son oeuvre semble dégager un ennui plus allier et moins lourd ; c’est là, très probablement, la véritable cause de son succès. Et comment en effet, ne pas exulter devant son carton, alors qu’il faut subir l’« Histoire des Lettres » de M. Flameng, un ramas de figures péniblement agencées et dont chaque morceau a été pris dans les tableaux des Primitifs ou découpé dans les monacales images d’un psautier. On reconnaît cette forme de jambe, cette pose de hanche, cette expression de tête, ce pli d’étoffe, ce mouvement de dos. Jusqu’à la couleur qui a été scrupuleusement imitée. Vous retrouverez le rouge du manteau d’Abélard qui crève la toile, à quelques pas d’ici, dans la galerie des Italiens, au Louvre. Ah ! ce n’est pas par la personnalité que l’éternel élève de rhétorique qu’est M. Flameng se distinguera de la tourbe de ses confrères ! Légendaires bataillons de la sacrée Moselle et processions maintenant honnies des purs lévites disparus dans la nuit des âges, tout lui est bon à celui-là pour nous préparer en une sirupeuse potion sou ipéca d’art !
Parmi les toiles qui sortent de l’abominable médiocrité des salles que nous allons parcourir ne figurent point, j’ai hâte de le dire, les vignettes coloriées de M. Béraud. Son palais égayé d’avocats se promenant dans une salle est d’un bien attristant comique. Sa charge coutumière des personnages qu’il met en scène est, cette fois, un peu moins vineuse, un peu moins lourde, si je la compare surtout à ses précédentes exhibitions qui joignaient au dessin canaille de feu Gill l’aimable couleur d’une enseigne pourléchée par un vitrier probe. Parmi celles-la ne figurent pas non plus « Une femme nue qui se chauffe. » Son auteur, M. Besnard qui, pendant longtemps, nous accabla d’oeuvres caduques, rédigées suivant le rituel des Beaux-arts, a subitement retourné sa veste et s’est jeté dans l’excentrique où il barbotte maintenant à pleines toiles. Il s’est, du jour au lendemain, improvisé « peintre moderne », empruntant aux impressionnistes une palette dont il ignorait et le maniement et le sens. Il en est résulté des cacophonies indescriptibles de tons, des imbroglios de dessin, d’importunes arlequinades, puis des vues furieuses ou plutôt et pour être plus exact, facticement furieuses de femmes jaune canari, d’hommes en plâtre blanc, de ciels en orangeade, d’eaux en albumines bleues. Sicambre inespéré du vieux jus de lin, il a démoli ses premières idoles mais il serait bien désirable qu’il démolisse maintenant ses nouveaux dieux et qu’il rentre enfin, pacifié, dans le silence ; qu’il me soit également permis d’exprimer le même inexauçable souhait, à propos de M. Duez dont le gigantesque « Soir » est si orgueilleusement pesant et si fastidieusement sourd !
En revanche, le « Chant d’automne » de M. Jacques Blanche jaillit de ce tohu-bohu de toiles, avec une grâce alanguie qui caresse et panse la rétine irritée par ces gros poivres. Dans un salon aux boiseries claires, des femmes sont installées ; l’une est assise devant un piano, une autre pince les cordes d’une harpe, une troisième, en face de nous, écoute. L’impression est curieuse, un peu fantomatique, presque dolente, toute pâle. Ces figures élancées vêtues de blanc tiennent terre à peine ; il y a, en elles, un soupçon de l’énigme que les figures d’Edgar Poe et de M. Whistler laissent entrevoir. M. Blanche n’est à coup sûr pas le premier venu ; ses expositions des années précédentes décelaient déjà une vision particulière du modernisme, celles de cette année lui méritent une petite place dans ce diocèse de l’art que de rares peintres habitent.
À signaler aussi le Danois Kroyer qui expose « Une soirée musicale » dans son atelier. Ce tableau peint avec les procédés d’antan et éclairé par des bougies qui rappellent les chandelles aimées du vieux Schalken, renferment néanmoins des personnages dont les traits vivent ; parmi les gens assis, d’aucuns sont largement campés et frémissent ; puis je ne sens pas la pose des personnages à qui l’on crie, comme chez le photographe: ne bougeons plus ; et c’est, en peinture, une des qualités les plus difficiles à rencontrer que je connaisse !
An reste, ce sont les étrangers qui animent un peu l’enfilade de ces salles mortes. Un belge, M. Charlet, qui a brossé le portrait de « Miss Bury », une toile vivante et claire, une figure blonde dans un entourage de bleu charmant ; peinture captieuse, impression ambiguë, rappelant de lointains Whistler, mais avec une touche particulière, autre ; et de même aussi d’un remarquable portrait d’un Hollandais, M. Hubert Vos : un monsieur, au fond de la toile, assis les jambes croisées, sur un divan d’un groseille éteint ; et cette figure vous regarde à l’aise, dans un brouillard bleuâtre et tiède. On dirait d’une vague apparition d’homme engourdi dans un fumoir abandonné, au crépuscule. C’est d’un accent pénétrant, d’une vie bizarre et sûre. C’est, selon moi, l’une des seules oeuvres que ce Salon renferme. Et Dieu sait pourtant s’il en contient des portraits, cet interminable Salon ! des Boulanger à pied et à cheval, d’une médiocrité vraiment essentielle, des mamans sur fonds verts, des papas sur fonds rouges, des enfants sur fonds bleus, des prétextes d’étoffes pour tapissiers et pour tailleurs, des recherches de chairs au mastic et de chemises aux plastrons de tôle. J’excepte cependant un Jeanniot plus délibéré, moins vassal que de coutume. Je mets à part aussi, si l’on veut, les deux Fantin dont la pluie fine et grise commence pourtant à me glacer. Ses figures deviennent à la fin trop identiques sur leurs immuables fonds ; à force de répéter toujours sur le même ton la même phrase, l’aphasie vient ; et il y a si longtemps qu’il la ressasse, qu’il la ratiocine, qu’il la remâche, qu’il la rumine, M. Fantin, son éternelle et puritaine phrase ! — Je ne nie certes pas l’authentique talent de ce peintre et sa distinction d’art au milieu de la galimafrée d’incroyable muflerie qui nous entoure mais je dis ceci, c’est qu’il peint, indifféremment et du même pinceau monotone, à l’heure qu’il est, les gens aux complexions les plus diverses. Le modèle qu’il a sous les yeux n’existe plus. Il le salade et l’assaisonne suivant sa recette ; qu’il peigne un artiste ou un bourgeois, une femme ou un homme, c’est exactement le même bon ordre sous une vitrine méticuleuse et propre ; qu’il catalogue dans son petit herbier de protestant Degas et Dubufe, leur tenue, leur expression seront, sur ses toiles, analogues, cela est sûr. Par contre, il expose aux Pastels une Ariane et une Aurore qui intéressent et témoignent que le réel artiste demeure encore libre.
Enfin, je trouve dans la série des paysages des sensations moins vulgaires que celles qui m’opprimèrent, le dernier an ; ce sont, pour la plupart, des inconnus qui se débattent entre l’art officiel et l’art impressionniste. Quelques uns, tels que M. René Billotte, apportent un paysage vraiment curieux, une route longeant l’eau, à la tombée des soirs. J’ai ressenti devant cette toile l’impression d’une campagne silencieuse quand la lune, naît ; j’ai éprouvé cette inexplicable sensation d’un grand apaisement et aussi d’une agitation de nerfs qui comprimés, se cabrent ; tout m’est revenu, le désir d’être autre part et le besoin d’être là, la joie de vagabonder et le souhait de rester en place, tout un bouleversement d’âme, douchée par l’eau froide des lueurs lunaires et surexcitée par l’immédiate réaction de cette hydrothérapie céleste, de ce tonique spirituel qui enlève l’esprit comme un coup de fouet. À signaler aussi un effet de neige de M. Cagniart, d’une désolation de solitude et d’étouffement intenses. Puis quoi ? — un paysage d’un Norvégien, M. Skredsvig, un « Soleil de mars, » peinture claire et brute qui nous sort du moins des invraisemblables psalmodies récitées par ces importuns paysagistes dont les toiles pendent des cimaises aux frises, sur tous les murs, gris à la Corot, laque verte à la César de Cock, gros vert à la Vollon !
Et quand j’aurai parlé de la Belle matinée de M. Raffaêlli, j’aurai à peu près cité les plus pressantes toiles qui s’égarent dans cette hideuse basilique, bien digne d’être consacrée aux glaciales opérations des pasteurs de l’Institut et des antiques clergymen du vieil art. Cette oeuvre de M. Raffaêlli est ainsi conçue: dans un lit capitonné en bois blanc laqué Louis XV, une femme dort ; le livre qu’elle parcourait est là, ouvert, sur la place vide du lit, près de l’oreiller désert qui l’avoisine ; le monsieur s’est levé et a sans douté fui ; la femme, lasse, s’est rendormie. Ce qui étonne dans cette oeuvre c’est l’extrême véracité de cette femme qui, la tête un peu renversée, souffle doucement, les cheveux dénoués, le cou un peu tendu, les paupières talées, les membres las ; puis tout le ragoût du lit qui nous fait face, avec ses oreillers, ses draps, est vraiment salé à point. C’est un hymne blanc, un hymne dans lequel le peintre a trahi le symbole de la couleur chaste, hystérisé la candeur, imprégné de volupté la fraîcheur des tons communiants, cantharidé les teintes évangéliques, les nuances d’épithalame ! Oeuvre d’une distinction mitoyenne, voulue, oeuvre précise, d’un réalisme absolu, d’une observation acérée, d’une vigueur intense, ce tableau détonne, dans la pièce où il chante à tue-tête sou hosanna libertin des blancs, au milieu des antiennes multicolores moulues par les orgues de Barbarie de ses confrères.
M. Raffaélli a, en outre, exposé dans les galeries de Georges Petit, où nous allons nous transporter maintenant, toute une série de tableaux et de dessins rehaussés d’huile, des paysages de Jersey, des plages blondes, d’une gaîté charmante, puis ces sites de la banlieue parisienne dont il rend avec une si énergique amertume, les convalescences et les rechutes ; enfin « La Leçon de chant, » d’une authenticité surprenante, avec les deux exquises fillettes debout devant le maître. Pour mémoire, je cite encore d’extraordinaires aquarelles de café-concert qui semblent enlevées par un dessinateur anglais, alerte et brutal, naît et dur.
En même temps que lui, dans la galerie de la rue de Sèze, exposent MM. Claude Monet, Pissarro, Renoir, Sisley, Whistler, le sculpteur Auguste Rodin et quelques peintres étrangers dont il convient d’oublier les noms.
Nous allons passer rapidement en revue ces oeuvres. De Claude Monet une série de paysages tumultueux, de mers abruptes, violentes, aux tons féroces, bleu hargneux, violet cru, vert âpre, des vagues rocailleuses aux crêtes fermes, sous des ciels en rage. Nous sommes éloignés de ces admirables marines que possède M. Durand-Ruel et qui font, sans conteste, de M. Claude Monet, le plus grand paysagiste des temps modernes ; ces marines où, pour la première fois, dans la peinture, des poudres de a, des vapeurs salées d’ondes s’éclaboussent contre des falaises, ces marines qui sentent vraiment l’odeur de la mer, ces eaux irisées et bruyantes, vraiment liquides, se sont muées en des masses agrégées et compactes, en des inentamables volutes striées de filets comme des marbres. La sauvagerie de cette peinture vue par un oeil de cannibale déconcerte d’abord, puis devant la force qu’elle décèle, devant la foi qui l’anime, devant le souffle puissant de l’homme qui la brosse, l’on se soumet aux rébarbatifs appas de cet art fruste. C’est une sorte d’apaisement, alors on retrouve l’ancien Monet, avec son grand ciel de Hollande pommelé de nuages, et ses magnifiques ondes de fleurs vives. M. Claude Monet a parfois erré, mais aussi combien de chefs d’oeuvre restent dés à présent acquis ! Ces courses de l’eau entraînant les visions réverbérées des rives, ces ondes battues par les feuillées d’automne qui les éraflaient de coeurs jaunes et de fers de lances roux, ces ciels immenses dont les nuages couraient réfléchis dans les actifs frissons des fleuves, ont trouvé en lui leur décisif peintre. Il demeure inimitable aussi alors qu’il peint, l’hiver, l’horrible beauté des eaux endormies sous les glaces, et, l’été, alors qu’il jette sur une toile des vues de ce Vétheuil dont il nous fait humer le vent parfumé par la brusque odeur des étables et les effluves fusés des bois.
Après lui, un autre grand peintre mérite qu’on s’arrête, M. Pissarro. Il expose lui aussi dans la galerie de la rue de Sèze quelques toiles, une entre autres, « La Cueillette de pommes » qui figura déjà dans les exhibitions de l’art indépendant des derniers ans. Ses paysannes sont d’attitudes si volontaires et si certaines ! M. Pissarro est un des seuls peintres qui aient jusqu’ici rendu les campagnards, sans ambages et sans fard, ne leur prêtant ni des idées humanitaires, ni des poses de sentiment, mais les faisant tels quels, précis et justes ; jadis il peignit, en sus des extraordinaires paysages de la sente du Chou, des vues de marchés dont le souvenir m’obsède encore. C’était un fourmillement de blouses et de cottes, des gaietés de faces rondes s’agitant sous des madras, des yeux pétillant dans le feu des marchandages, toute une vie de foule, saisie au vol, fixée avec une déconcertante alerte. À part sa « Cueillette des pommes » qui rappelle ces amples et délicieuses toiles, M. Pissarro n’apporte, cette fois, dans le butin des salles, que quelques paysages pointillés dont l’accent me semble moins résolu, moins net.
À signaler, au passage encore, les sites de M. Sisley qui demeure, dans son ancienne franchise de vision, intact, et les nouveaux efforts que tente M. Renoir. Il semble que ce nerveux dont les toiles décelaient un merveilleux coloriste, un peintre de la chair en bouton unique, ait voulu s’assagir et, de parti pris, glacer ses lumineuses vibrations et ses gais élans. Le bromure des Raphaël et des Ingres a passé par là. Son « Essai de peinture decorative » semble inspiré par d’antiques estampes ; les poses mêmes de ses femmes sont caduques et, il faut bien le dire, leurs charnures surannées se porcelainisent dans des paysages incertains, tout à la fois modernes et vieillots. Son portrait de femme au pastel, durcit également, tourne à la cire peinte, perd tout ce velouté de fleur que nous aimions ; et cela navre, bien que l’incontestable talent de ce peintre sourde quand même dans cette réfrigérante imagerie qu’il s’impose !
M. Whistler a envoyé au Salon de M. Georges Petit un nombre considérable de petites toiles. D’aucunes, étranges et exquises, des mers dans le brouillard, des ciels gris, puis des paysages, des intérieurs, dc quais, des tableaux indiqués en quelques traits, des esquisses telles que sa note en « Capucine et rose, » toute une flore étrange d’art, cataloguée sous de bizarres et fuyants titres ; puis, un grand portrait de femme s’enfonçant dans le mur, une femme, hardiment campée, dans une pose d’héroïne à la d’Aurevilly, et qui vous surprend par l’énigme de sa physionomie dont la bouche au rouge mat et glacé inquiète.
Cette fois encore le peintre a sorti de la chair vêtue une expression indéfinie d’âme. Artiste extralucide, visionnaire dégageant de la réalité le suprasensible, M. Whistler m’a toujours fait songer, avec ses paysages et ses portraits, à plusieurs poésies d’une douceur indécise et défiante de Verlaine. Il évoque, comme lui, à certains moments, de subtiles suggestions et berce, à d’autres, ainsi qu’une incantation dont l’occulte sortilège enveloppe. M. Verlaine est évidemment allé aux confins de la poésie, là où elle s’évapore complètement et où l’art du musicien commence. M. Whistler, dans ses harmonies de nuances, passe presque la frontière de la peinture, il entre dans le pays littéraire et s’avance dans cette morbide brume, là où les pâles fleurs de Verlaine poussent.
Enfin le sculpteur Rodin pousse les cris embrasés du rut, tord des étreintes charnelles, violentes comme les superbes phallophories d’un Rops ! Les couples enlacés se broient et se pâment, hurlent, crispés, les dents sur les dents, les yeux croisés et fous. Les antiques fureurs des ménades renversées devant les faunes cabrés dans d’impures joutes, revivent sous le poing furieux de cet homme qui, à l’heure présente, est le seul artiste capable de faire ainsi panteler et crier le marbre.
J.-K. HUYSMANS.