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Trois Primitifs (1905)



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Polybiblion Revue Bibliographique Universelle.

Mai 1905.

Trois Primitifs par J.-K. HUYSMANS, Paris, Messein, 1905, in-8 de 107 p., avec 6 photograv., 5fr.


16. — Les Trois Primilifs dont nous entretient M. Huysmans n’ont point d’attache directe ni lointaine à notre Exposition, encore que M. Bouchot ait voulu faire de l’un d’eux, le maître de Flémalle, un Français du Nord. Il s’agit d’abord des sauvages et saisissante peintures de Grünewald au musée de Colmar, puis, côte à côté et comme en un diptyque, d’un buste de jeune Florentine et d’une madone flamande que possède le musée de Francfort. On devine quelles ressources d’art la vision si aiguë et la langue si riche et pittoresque de M. Huysmans lui fournissent quand il s’agit de décrire une peinture. Et vraiment il s’est surpassé devant les Grünewald, il nous les fait voir, ou plutôt il nous en impose une image déchirante, tragique, et par moments presque caricaturale. L’énigmatique Florentine aux cheveux crépelés, au sein nu, lui suggère tout un roman où défilent les pires horreurs d’un légendaire Alexandre VI; contraste cherché pour nous faire goùter d’autant mieux la douceur intime et paisible, la bienfaisante et maternelle piété de la charmante madone du maitre de Flémalle. Qu’il a bien fait de nous la révéler, cette peinture inconnue et suave! Parmi les gravures excellentes dont son livre est orné, celle-là, est un exquis joyau, et les pages qu’il lui consacre un petit poème de tendresse.


ANDRÉ PÉRATÉ