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Sainte Lydwine de Schiedam (1901)



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Polybiblion Revue Bibliographique Universelle.

Octobre 1901.

Sainte Lydwine de Schiedam, par J.-K. Huysmans, Paris, Stock, 1901.


4. Le nouveau livre de, M. J.-K. Huysmans: Sainte Lydwine de Schiedam, est une thèse catholique: la réversibilité des mérites, l’expiation obtenue pour les fautes du prochain, par les souffrances des saintes âmes. Lydwine a été l’une de ces âmes héroïques. Pour obtenir le salut des égarés, par sa vie de douleurs atroces, demandées comme une grâce de choix, elle se fit une victime d’expiation, "la brebis émissaire des péchés du monde" (p.112). Le sentiment chrétien, la foi en Jésus-Christ, en Jésus-Hostie, la parfaite soumission à notre Mère l’Église animent ces pages sincères. La littérature y est toujours celle de Là-bas, de En route, avec le même réalisme qui confine souvent à l’immoralité. Les détails sur la conduite des soudards auprès de Lydwine, presque mourante, sont simplement rebutants. Le raccourci du XIVe et du XCe siècle, sous le rapport religieux, est d’un puissant pinceau, mais certains traits trop poussés, poussés, semble-t-il, avec complaisance, sont écoeurants. Ne convenait-il pas de les considérer plutôt avec une respectueuse amertume? La scène des Picards entourant le duc de Bourgogne à Schiedam est absolument dégoûtante. L’anachorète grimpé dans un arbre, sa demeure, et nourri d’une manne céleste, est du plus extravagant grotesque, du plus lourd ridicule. Qu’est-ce que l’édification peut en tirer? Pourquoi, enfin, M. Huysmans fait-il passer sa prédilection pour la langue française du XVIe siècle dans son livre où les termes barbares abondent? Ils ne pourront être compris que par des lecteurs connaissant la langue latine dont ces expressions sont les enfants légitimes mais trop fidèlement ressemblants. Cet ouvrage s’adresse mieux aux érudits, versés dans la connaissance de notre littérature du XVIe siècle, à quelques esprits originaux, qu’à la foule des chrétiens qui en seront peu édifiés, croyons-nous. Nous demandons la conversion littéraire de l’auteur.


LOUIS ROBERT