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Croquis parisiens (1880)



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La Patrie

29 juillet 1880.

Puisque le hasard de la causerie nous conduit à parler aujourd’hui des livres qui ne sont pas écrits ; selon l’expression de Théophile Gautier, « pour les petites filles dont on coupe le pain en tartines », feuilletons encore le bizarre album des Croquis Parisiens, de M. J.-K. Huysmans. Ce jeune écrivain est, comme on sait, un des plus violents adepts du naturalisme ; son premier roman, les Soeurs Vatard, [Sic] a fait scandale; il a singé « très horrifique » nouvelle dans ls Soirées de Médan; c’est un intransigeant de l’art ; il siège à l’extrême gauche de la littérature. Nous attendrons une meilleur occasion d’exposer, avec le développement nécessaire, notre opinion sur le puissant producteur qui s’appelle Emile Zola et sur les romanciers de son école. Contentons-nous de déclarer aujourd’hui, à propos des Croquis parisiens, que nous tenons M. J.-K. Huysmans pour un singulier artiste, qui fixe, dans un style aussi incorrect que savoureux, des impressions profondément personelles. Quelques-uns des Croquis parisiens ont pour nous un charme tout particulier ; nous voulons parler de ces débiles paysages de la banlieue de Paris, que nous avons essayé, nous aussi, de peindre dans nos modestes vers et dont M. Huysmans comprend et exprime si bien la mélancolique et pénétrante poésie. Mais tous les lecteurs des Croquis regretteront comme nous que l’imagination, passablement putride, il faut l’avouer, de M. Huysmans l’entraîne à écrire des pages telles que le poème en prose intitulé : Le Gousset, qui relèguent pour toujours son livre dans « l’enfer » des bibliothèques.


François COPPÉE.