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Le Drageoir à épices (1874)

blue  Sonnet liminaire
blue  I. Rococo japonais
blue  II. Ritournelle
blue  III. Camaieu rouge.
blue  IV. Déclaration d’amour
blue  V. La Reine Margot
blue  VI. La Kermesse de Rubens
blue  VII. Lächeté
blue  VIII. Claudine
blue  IX. Le hareng saur
blue  X. Ballade chlorotique
blue  XI. Variation sur un air connu
blue  XII. L’Extase
blue  XIII. Ballade en l’honneur de ma tant douce tourmente
blue  XIV. La rive gauche
blue  XV. A maïtre François Villon
blue  XVI. Adrien Brauwer
blue  XVII. Cornélius Béga
blue  XVIII. L’Emailleuse

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IX. LE HARENG SAUR

Ta robe, ô hareng, c’est la palette des soleils couchants, la patine du vieux cuivre, le ton d’or bruni des cuirs de Cordoue, les teintes de santal et de safran des feuillages d’automne !

Ta tête, ô hareng, flamboie comme un casque d’or, et l’on dirait de tes yeux des clous noirs plantés dans des cercles de cuivre !

Toutes les nuances tristes et mornes, toutes les nuances rayonnantes et gaies amortissent et illuminent tour à tour ta robe d’écailles.

A côté des bitumes, des terres de Judée et de Cassel, des ombres brûlées et des verts de Scheele, des bruns Van Dyck et des bronzes florentins, des teintes de rouille et de feuille morte, resplendissent, de tout leur éclat, les ors verdis, les ambres jaunes, les orpins, les ocres de rhu, les chromes, les oranges de mars !

O miroitant et terne enfumé, quand je contemple ta cotte de mailles, je pense aux tableaux de Rembrandt, je revois ses têtes superbes, ses chairs ensoleillées, ses scintillements de bijoux sur le velours noir ; je revois ses jets de lumière dans la nuit, ses traînées de poudre d’or dans l’ombre, ses éclosions de soleils sous les noirs arceaux !